Chroniques Somaliennes.

Friday, November 17, 2006

Le Mont Kenya : 4985 m.

Apres deux mois de préparation à courir en rond autours de la maison , j'étais (du moins je l'espérais) fin prêt pour le grand défi : 5 jours de randonnée pour 5000 M… vu comme ça, plutôt simple. On avait pris les services d'un guide, sans trop imaginer qu'il allait aussi nous fournir le cuistot et les porteurs…. Alexia et Virginie étaient soulagées, moi un rien sceptique… j'aime bien mon sac…. Et puis un rapide test de mon sac "surlesté" m'a vite fait m'incliner… Pour une fois, je voyagerai "léger".



Départ d'environ 2500 m, c'était déjà ça de gagné. Trois heures de montée progressive dans une foret luxuriante et puis le classique changement de végétation avec l'altitude et en prime des drôles de "trucs" qui vont donnent l'impression d'être sur une autre planète. Première nuit en altitude vers 3200 m, ça caille et on se sent déjà un peu bizarre mais pour l'instant, tout va bien. Première journée véritable de marche. L'altitude se fait déjà sentir… l'impression d'avoir couru une demi-heure alors qu'on a juste marché 100 m. J'ai eu la mauvaise idée de sautiller entre quelques rochers…. Souffle court et pincement de cœur. On a croisé un groupe qui redescendait, malgré leur équipement de pros, ils n'avaient pas pu faire le sommet, trop de glace… On a l'air bien nous avec nos mains dans les poches…

Arrivée à 4200 m. Le léger mal de tête qui m'avait pris durant l'après midi s'est intensifié. A l'heure du souper, j'ai l'impression que l'arrière de ma tête va s'arracher tout seul. Diagnostic sans appel : mal d'altitude… Verdict en attente, mais j'ai vraiment pas l'impression de pouvoir me lever à 2 heures du mat pour tenter le sommet. La seule chose que je veux, c'est redescendre… Mon ego en prend un coup mais le "guidebook" me vient en aide "bien souvent, des jeunes biens entraînes physiquement peuvent aussi être atteint" … ça met du baume au cœur.

On se lève à deux heures du mat, légère amélioration…. Hésitation… Frustration…"Allons y, on le tente"… Mais notre guide a été un peu plus intelligent et nous a proposé de passer une journée à 4200, avec petite ballade à 4700 pour s'acclimater (après tout, les filles aussi avaient un peu le mal d'altitude, honneur presque sauf). Journée "relax" donc ou on a réinventé l'Awale, jeux d'Afrique de l"Ouest sur une nappe à carreau Massai d'Afrique de l'Est et selon les règles du "Nokia"… c'est beau le brassage des cultures… Le soir, plus de maux de têtes…. Soit les médocs ont aidé, soit le corps humain est vraiment bien fait.

Re-Lever à deux heures, départ à trois heures. Magie de marcher dans la neige sous le clair de lune… Elle nous dit au revoir pour laisser la place à son copain le soleil… et la, on réalise que le clair de Lune n'était qu"une mise en bouche". Au fur et à mesure que le soleil approche, l'air entier vire du mauve au rose à l'orange…les lacs sous nous scintillent… le sommet se rapproche enfin. A la minute ou je passais ma tête pour franchir le dernier rocher, le soleil faisait de même à l'horizon… Apres ça, plus rien d'autres ne paraîtra magique…. Vue imprenable, juste en face de nous, le pic à 5200 m, seulement atteignable en escalade…. La prochaine fois…. Pas un nuage, vue "vraiment" imprenable !!!

On croise une connaissance (journaliste anglais free lance) au sommet qui est venu par un autre chemin apparemment à peine praticable vue la glace. C'est le chemin par lequel on doit redescendre…. Hésitation… si on ne le prend pas, on doit refaire demi-tour sur tout le trajet de ces 3 derniers jours… On se lance, quelques endroits un peu glissants, mais dans l'ensemble, rien de bien terrible. Ces anglais, ils exagèrent toujours…

Déjeuner avec un sourire de bonheur "on l'a fait !!!" Deuxième partie de journée sous la pluie dans un marécage. On a joué aux grenouilles à sauter d'une touffe d'herbe à l'autre, d'un rocher au suivant en essayent d'éviter le chemin devenu ruisseau… Fin de parcours dans une foret presque vierge entre les bouses de buffles et les questions du genre "Si j'en vois un, je cours et je crie ou je me couche et je prie ???"

Arrivée au campement à trois heures de l'après midi… après douze heures de marche… vannés et trempés… Bien que la foret soit protégée, il y a une magnifique cheminée et c'est le ranger lui-même qui nous amène le bois…. Pour une fois, on ravale nos principes écolos et on se laisse doucement enivrer par le feu, sous le regard des singes qui se pointent à la fenêtre histoire de repérer la nourriture éventuelle…

Retour à Nairobi le lendemain sans peine… lever difficile le jour suivant pour être à l'aéroport à 7h30… dur dur les vacances.

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